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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

Le snob à présent qui écrit confortablement dans le bureau du « détail », et qui possède un cadenas pour son « bazar, » ce dernier luxe offert par son fourrier. « On n’a pas idée du désordre et de la saleté qui règnent dans le poste… À chaque instant l’on entend des bruits de bouteilles cassées, de piles d’assiettes s’écroulant. C’est dans le poste un amoncellement de débris sur une couche de fange, le coin d’une borne. Une expression très caractéristique a été imaginée pour démontrer l’ensemble sans nom jusqu’ici qui couvre le pont. Je ne la dirai pas, mais elle est dans Balzac. » ?

Aussi l’on comprend son goût du housekeeping anglais après un séjour au British-Hotel à Simonstown. « Que ce doit être une bonne chose que la vie élégante en Angleterre. Et quel bien l’on doit penser d’un peuple qui est si bien servi ! »

Je suis frappée de ce que les descriptions n’en sont littérairement pas, mais des mots pour se souvenir, ce qui à 18 ans est déjà le goût sincère de la sensation, au lieu de la superstition poétique. Pendant les fêtes de la Ligne : « La nuit était magnifique. Accoudé sur la passerelle j’avais devant moi deux spectacles : La foule à côté du désert, le tumulte à côté du silence. J’étais fatigué du bruit, j’essayais de m’y soustraire en contemplant la scène silencieuse. » Et puis une tempête : « À l’abri sous le fronton de