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ANNÉE 1902

il est charmant son journal. Moi qui aurais été volée, et peut-être si éloignée, si je ne l’avais pas trouvé suffisamment intelligent, je suis charmée, attirée et navrée.

On reste toujours un peu étrangère à soi-même quand on n’a pas connu son père.

Comme il était sympathique et d’originalité éveillée sous cette pureté de langage de petit Parisien qui me déroute un peu.

D’abord le marin prend ses notes. « Vers dix heures les vents ont sauté au N.-O. C’est la renverse habituelle. Nous sommes en route au S.-O. avec le grand hunier et le petit hunier au bas ris, filant 2 nœuds. Pourquoi ne pas faire de toile ? Cela peut s’expliquer en pensant que la mer étant encore très grosse, une grande vitesse donnée au bateau fatiguerait celui-ci. C’est une raison à défaut d’autres. Encore une question : le point n’est écrit nulle part bien qu’il soit près de 3 heures. Pourquoi ? »

Après une manœuvre difficile.

« Dépasser un bâton de grand foc à la mer, et avec cette mer, m’avait semblé jusqu’ici une opération très difficile, je le pense encore, mais à l’occasion je la tenterai. J’ai omis de parler d’un second maître, Hervé, comme un de ceux qui furent employés à déverguer les focs. Ce sera pour lui une recommandation si je relis ceci. »