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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

pas obligée à des frais de politesse envers les circonstances. Si je ris, soyez tranquille, je n’en fais pas l’effort !


À Mme D., 8 avril.

Pour continuer dans le roman, la foi me manque et le goût. J’ai pris le dédain de trop de choses. Tandis que j’ai l’attrait des vies exceptionnelles dans le beau, dans le mal, dans l’horrible et Saint-Just est superbe ; nullement canonisable, malgré son nom d’archange, mais je vous assure que cette force et cette rigidité peuvent être d’excellente fréquentation.

À Andrée. Je ne fais rien, je ne vois rien et ne veux rien voir. Je suis en pénitence jusqu’au succès. J’estime peut-être ma rançon trop chère, peu importe, puisque c’est moi qui paie.


21 avril.

« Je méprise la poussière qui me compose et qui vous parle, on pourra la persécuter et la faire mourir cette poussière, mais je défie qu’on m’arrache cette vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux.

« Je fus à moi seule votre comité de rêve et de dédain. »