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XII
PRÉFACE

c’est tout de même bien heureux qu’il soit français, car aucun pays ne peut lui opposer un rival ; il est universel comme disait un anglais (mais ça n’empêche pas qu’il est toujours bien français) ».

Le 17 février 1887, l’idée de guerre fait une première apparition sous la plume du futur auteur de « la Paix » :

« Un seul mot seulement avant de dîner ; la GUERRE ! on n’entend parler que de cela mon Dieu ! que ce soit franc au moins, si ça doit être guerre qu’on le sache qu’on le dise (que j’écris mal, aussi je suis si pressée) ; mais après tout je ne crois pas que l’on connaisse l’avenir sans cela cette bavarde presse aurait il y a longtemps crié cela sur les toits ; mais s’il y a la guerre et que je ne puisse servir qu’à faire de la charpie c’est cela qui ne m’irai pas, encore si je pouvais aller dans les ambulances ; maman y aurait été si je n’étais pas là, quelle scie PATRIOTIQUE ! comme les enfants sont gênants tout de même ! Mais maman pourrait bien m’y mettre avec elle voilà tous les avantages que ça aurait : 1o  rendre beaucoup de services, 2o  que maman pourra satisfaire l’envie qu’elle a d’y aller 3o  et la mienne, de pouvoir servir à quelque chose 4o  de m’habituer à voir du sang, à entendre les détonations et à ne pas servir à rien » les désavantages que ce serait très triste, il n’y en a pas d’autres ; il faut espérer cependant que la guerre ne viendra pas