Le compte rendu de cette première journée se termine par une décision calligraphiée en gros caractères :
« Je continuerai mon journal toute ma vie. »
Marie Lenéru est restée fidèle à son engagement, non sans avoir à lutter contre elle-même les premiers temps, car à la date du 13 décembre 1886 je note cette première phrase :
« Que ce journal m’assomme ! Il me scie, mais absolument. »
Chose remarquable, la fillette était déjà préoccupée du côté moral de sa conduite. Je dis « déjà » car cette préoccupation du devoir envers Dieu, le prochain et soi-même fera plus tard le fond de toutes ses œuvres.
Sans cesse dans le journal d’enfant on relève des phrases comme celle-ci :
« … Je n’ai pas bien fait ma prière car je dormais trop, je dois dire que cela m’arrive depuis quelques jours.
« Aujourd’hui en fait de promenade nous sommes allés à la foire, j’ai fait la gourmande (j’ai mangé deux gaufres et une tranche de coco) en plus j’ai menti à Fernande en lui disant que j’avais faim.
« Ce matin j’ai été parresseuse, maman m’avait dit de repasser mes leçons et je n’ai repassé que ma leçon de grammaire et ce qu’il y a de pis encore