Page:Journal de Marie Lenéru.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.
VI
PRÉFACE

fut quelque peu trompeur ; car malgré sa facilité elle était paresseuse. D’ailleurs nous allons être admirablement renseignés sur ses qualités et ses défauts, en parcourant un journal qu’elle se mit à écrire vers l’âge de dix ans. En voici la première page, datée de Montpellier, 30 novembre 1886. J’en respecte les défaillances d’orthographe et l’indigence de la ponctuation :


« C’est maman qui m’a forcée à faire mon journal car moi je n’aurais pas du tout envie : c’est maman qui m’a achetée mon cahier en sorte que ça m’amuse réellement. Ce matin quand je me suis levée il me restait encore à préparer mes exercices de grammaire et à repasser mes leçons j’ai eu le temps de le faire quelque temps avant déjeuner je suis descendue me coiffer ou du moins me faire coiffer par maman, ensuite quand je suis remontée ça a été à la suite d’une discussion commencée hier à propos de longitude et de latitude nous avons finit par voir que nous étions tous d’accord sauf tante Alice. J’ai lu dans les Veillées du Château Delphine ou l’heureuse guérison mais je ne l’ai pas encore fini puis nous sommes allés déjeuner, après maman m’a fait sortir avec Fernande acheter mon cahier et acheter une lampe qui nous éclaire en ce moment et même qui nous joue de très vilains tours… etc. »