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s’est passé. Être sourde me produit encore l’effet d’une nouveauté. Et toujours des moments de cette étonnante gaîté « qui doit durer indéfiniment puisqu’elle n’est fondée sur rien ».


Dimanche 7 mai.

Les livres seraient-ils mauvais ? D’abord ils sont des excitants, mais non des excitants à en faire. Ils vous dégoûtent de penser, de redire six mille ans la même chose, aux variantes près de la langue.

Fini Madame Geoffrin. Triste vie en somme comparée à Mme Swetchine.

Doit-on tout perdre, avec la Foi, même les belles amitiés ? Le XVIIIe siècle n’était décidément pas un siècle affectueux, et l’on pardonne à la réaction de « sensibilité » qui le termina. Moi, j’avais toujours une inavouable partialité pour les attachements des mécréants, et je crois encore qu’ils doivent s’aimer plus désespérément que les autres.

Relu la Prière sur l’Acropole, glissé de Renan à Vigny : La mort du loup ; Moïse ; Le mont des Oliviers. Encore relu un article de Gregh sur Rodenbach.

Je suis lasse d’entendre pleurer sur la vie ; elle devrait franchement avoir cessé de nous étonner. J’éprouve la même impatience que me donnent le