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année 1899

vivacité de mes mouvements, l’énergie de mes paroles, la provocation du regard, tout ce qui affirme mon triomphe d’exister. Si je me rencontre dans une glace, je crois m’apporter une nouvelle mystérieuse et enivrante. J’ouvre devant moi les portes toutes grandes, je vais et je viens dans un mouvement rythmé comme une valse. Désormais, je le sens, ma vie aura pour moi jusqu’à la fin les enchantements et les surprises d’une convalescence.

Quelle que soit ma vie, je le déclare, je mourrai réconciliée avec elle.


Samedi 18 avril.

Pour juger les gens avec indulgence, « se mettre à leur place ». Précisément ce qu’il ne faut pas faire. Il n’y a aucune raison d’exiger des autres ce que nous avons l’habitude d’attendre de nous. On suppose que cela rend plus accommodant. En effet, si j’étais Parménion !


Dimanche.

Des sensations oubliées me reviennent en foule. Il n’y a qu’un mot, c’est déjà une convalescence, et due au seul progrès continu si rigoureusement gradué de mes yeux. Un peu plus de lumière sur le nerf optique,