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ſi naturel à tous les hommes en général, & à ſon ſexe en particulier, qui nous porte à accélérer l’inſtant de nos jouiſſances. En Littérature, c’eſt preſque toujours le moyen de tout perdre, que ſe hâter de jouir ; & tel eſt reſté dans la claſſe des Ecrivains médiocres, qui ſe ſeroit élevé au premier rang, s’il avoit laiſſé mûrir ſes ouvrages, ou s’il s’étoit moins empreſſé de les multiplier.

Au reſte, Monsieur, vous lirez ce nouveau Roman de Madame de Malarme, encore avec plus d’intérêt que les deux précédens ; il ſe rapproche davantage du genre de ces Romans Anglois, fortement intrigués, remplis de caractères ſoutenus avec vigueur, que l’on critique quelque-fois, mais qu’on ne quitte plus quand on a commencé à les lire. Les évènemens de cette Hiſtoire ſont tellement multipliés, tellement enchaînés les uns aux autres, que je déſeſpérois de pouvoir vous en offrir le tableau. Une Dame, qui ne fait point de Romans, mais qui aime à les lire lorsqu’ils l’amuſent ou l’intéreſſent, a fait plus que je n’aurois oſé tenter. Après une ſimple lecture, commencée & achevée ſans l’intention de rien écrire ; qui plus eſt, pluſieurs jours après cette lecture, elle a écrit l’analyſe d’Anna Roſe-