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Le devoir d’abolir la guerre


Les « pensées » reproduites ci-dessous, furent émises, y a près d’un demi-siècle, par le philosophe A. Spir ; elles montrent que lui aussi préconisa l’idée — considérée alors comme fort chimérique — d’une confédération des États permettant d’établir dans le monde, grâce à une législature universelle, cette ère de justice et de paix que ! es champions de la Société des nations espèrent voir enfin réalisée aujourd’hui.

C’est une superstition funeste de croire que la guerre ne peut pas être abolie, parce qu’au lieu du droit et de la raison, ce sont de bas intérêts et des instincts brutaux qui constituent des facteurs déterminants chez les hommes et que, par conséquent, l’on ne pourra jamais dresser assez de soldats.

Sans doute, tant que les hommes s’estimeront eux-mêmes aussi mauvais, ils ne pourront guère devenir meilleur. Mais qui donc les oblige à se croire tels ? Ils devraient bien plutôt apprendre à considérer la déraison et la malfaisance comme des produits morbides, anormaux, dont on ne saurait prendre son parti, et non comme des éléments inhérents à la nature humaine.

Une preuve que le droit et la raison peuvent régner, du moins en une certaine mesure, entre les hommes, nous est fournie par l’existence de ces communautés que sont les États. Or, il serait plus aisé de soumettre à une loi commune quelques douzaines d’États que des millions de citoyens.

Toutefois, cette première forme de législation passe pour plus difficilement applicable, voire même souvent, pour impossible. Par suite de l’étrange préjugé selon lequel les États ne sont pas tenus de se conformer aux principes du droit et de la raison parce qu’ils ne peuvent y être contraint par la violence. Bien plus, la « liberté » de fouler aux pieds le doit et la raison fait partie de la « souveraineté » des États. C’est, hélas ! partout et toujours le perpétuel culte de la force. En vérité, ce qui vaut pour les individus vaut également pour les États, à savoir qu’is ont