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JOURNAL D’UN BOURGEOIS DE PARIS.

de Sainct-Mor-des-Fossez acompaignez de xviii banieres, des reliques très grant foison, vingt croix, tous piez nudz, à Nostre-Dame de Paris chantèrent la grant messe.

43. Le mardi ensuivant, le xiiie jour dudit moys, oudit an, allèrent ceulx de Paris en procession à Sainct-Anthoine-des-Champs, là dirent la grant messe.

44. Le mercredi ensuivant, xv « jour dudit moys, oudit an, fut faicte [une] procession autour des parroisses.

45. Le jeudi ensuivant, xvie jour dudit moys, oudit an, firent les parroisses de Paris les processions aux Martirs et à Montmartre ; là chantèrent la grant messe.

46. Le vendredi ensuivant, allèrent à Sainct-Denis en France, c’est assavoir Sainct-Paul et Sainct-Huytasse, les gens tous nudz piez ; là dirent la grant messe[1].

47. Et tant comme on fist ces processions, ne fist jour qu’il ne pleust très fort[2], que les trois premiers jours. Pour vray ceulx de Meaulx vindrent à Sainct-Denis, et de Pontoise et de Gonnesse, et de par delà vindrent à Paris en procession.

48. Le sabmedi ensuivant firent ceulx de Chastellet, tous grans et petiz, procession.

49. Le dimenche ensuivant, procession aux parroisses.

50. Le lundi ensuivant, Sainct-Nicolas, Sainct-Saulveur, Sainct-Laurens allèrent à Nostre-Dame de Boulongne-la-Petite, en la manière que dit est devant, le jeudi ixe jour de moys.

51. Tretout le temps que le roy fut hors de Paris, firent ceulx

  1. Ces processions parisiennes, qui mettaient en mouvement des milliers de personnes, ne se faisaient pas toujours avec le recueillement désirable et donnaient parfois lieu à des scènes de désordre. Nous trouvons, en ce qui concerne la procession de Saint-Denis, un exemple d’autant plus curieux qu’il fait entrer en scène la famille le Goix : « La femme J. des Oches, fille Thomas le Goix, et la femme Guillaume le Goix, qui estoient alées avec autres à la procession à Saint-Denis, » furent battues et injuriées par un individu que l’abbaye de Saint-Denis réclama comme son justiciable, malgré l’opposition des offensés, lesquels se fondant sur la qualité d’officiers du roi qui leur appartenait, prétendaient que le cas était privilégié (Arch. nat., Xia 4789, fol. 294 ro).
  2. Le greffier du Parlement, plus explicite que notre auteur, parle ainsi de la température de ces diverses journées : « Mercredi xv juin, a fait moult grant froit, et a tombé pluies qui ont succédé à grant chaleur hâtive qui estoit cheue par horribles tonnerres. — « Venredi xviie jour de juin, cedit jour et toute la nuit a aussy fort venté que fist passé a x ans. » (Arch. nat., Xia 1479, fol.  204, 205.)