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JOURNAL D’UN BOURGEOIS DE PARIS

37. Item, le lundy ensuivant, vie jour dudit moys de juing[1], oudit an, allèrent ceulx de Sainct-Martin-des-Champs, avecques eulx plusieurs parroisses[2] de Paris et du villaige (sic), tous nudz piez, acompaignez comme devant de luminaire et de reliques, à Sainct-Germain-des-Prez. Là dirent la grant messe en grant devocion, et les autres parroisses allèrent aux Martirs et là chantèrent la grant messe, et ceulx de Saincte-Katherine-du-Val-des-Escolliers vindrent chanter la grant messe à Sainct-Martin-des-Champs.

38. Item, les mardi et mercredi, viie et viiie jours dudit moys, oudit an, fist on procession, les parroissiens autour de leurs parroisses.

39. Item, le jeudi ixe jour dudit moys, oudit an, furent plusieurs parroisses, acompaignées de très grant peuple d’église et de commun, tous nuds piez, à grant reliquiaire et luminaire, et en ce point allèrent à Boullongne-la-Petite ; là firent leur devocion et dirent la grant messe, puis s’en revindrent.

40. Item, le vendredi ensuivant, xe jour dudit moys, oudit an, fut faicte une procession generalle, une des plus honnourables que on eust oncques veue : car toutes les églises, collèges et parroisses y furent tous, nudz piez, et tant de peuple que sans nombre, car le jour de devant avoit esté commandé que de chascun hostel y fust une personne. Et pour celle dévote procession plusieurs parroisses des villaiges d’entour Paris y vindrent en grant devocion et de moult loing, comme de plus de quatre grosses lieues, comme de par delà Villeneufve-Sainct-George, de Mongisson[3] et d’autres villes voisines, et vindrent à toutes les reliques dont ilz porent finer, tous nuds piez, très anxiens hommes, femmes grosses et petiz enfens, chascun cierge ou chandelle en sa main.

41. Les sabmedi et dimenche, xie et xiie jours dudit moys, oudit an, on fist procession commune autour des parroisses.

42. Le lundi, xiiie jour dudit moys, oudit an, vindrent ceulx

  1. Ce jour, un coup de tonnerre d’une violence extrême retentit soudainement à Paris ; le greffier du Parlement est le seul qui ait pris soin de noter cette perturbation atmosphérique : « Hic subito et nullis aut paucis indiciis previis, insonuit tonitru horridius quam unquam auditum fuerit hominum memoria. » (Arch. nat., Xia 4789, fol. 281 r°.)
  2. Ms. de Paris : processions.
  3. Montgeron, cant. de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise).