Denis y vindrent de l’autre costé de l’eaue, si ne porent riens faire l’un à l’autre que gaster leur traict. Lors fist le duc de Bourgongne retraire ses gens, et s’en revint à Paris pour aller assaillir ceulx de Sainct-Denis. [Et le lendemain allèrent à Sainct-Denis] le prevost, et Enguerren et ceulx de Paris, mais ilz n’y en trouvèrent nulz : tous s’en estoient fuiz la nuyt de devant, et passé la rivyere par ung pont de boys qu’ilz avoient fait en ladicte ville de Sainct-Denys.
24. Et ce jour que noz gens furent à Sainct-Denys estoit la vigille sainct Martin d’yver, et fut ce jour faicte procession generalle à Nostre-Dame de Paris, et là, devant tout le peuple, fut maudicte et excommuniée toute la compaignie des Arminaz, et tous leurs aidans[1] et confortans[2], et furent nommez par nom tous les grans signeurs de la maldicte bande, c’est assavoir : le duc de Berry, le duc de Bourbon, le conte d’Alençon, le faulx conte d’Arminac, le connestable[3], l’archevesque de Sens[4] frère du devantdit Montaigu, Robert de Tuillieres lieutenant du prevost de Paris, frère Jacques le Grant[5] augustin, qui le pis con-
- ↑ Ms. de Paris : amis.
- ↑ C’est au parvis Notre-Dame que, le 13 novembre 1411, en présence du duc de Bourgogne et au milieu d’une affluence considérable de peuple, un frère mineur, dont Monstrelet ne cite pas le nom (voy. t. II, p. 210), déclara excommuniés le duc d’Orléans et ses complices. Les bulles d’Urbain V, sur lesquelles fut basée l’excommunication, étaient celles que ce pape fulmina contre les Grandes Compagnies de 1364 à 1369 ; on trouve inséré dans le premier registre des Ordonnances du Parlement (Arch. nat., Xia 8602, fol. 241) le texte de la principale de ces bulles qui commence par ces mots : Quam sit plena periculis.
- ↑ Charles, sire d’Albret, connétable de France depuis la mort de Louis de Sancerre.
- ↑ Jean de Montaigu, prélat guerrier, constamment armé de toutes pièces, portant une hache en guise de crosse (Monstrelet, t. II, p. 192), avait été banni une première fois en 1409, après la mort de son frère ; il trouva sur le champ de bataille d’Azincourt une fin qui couronna dignement une carrière toute militaire.
- ↑ Jacques le Grand, moine augustin, hardi prédicateur, s’éleva dans un sermon prononcé en présence de la reine contre le luxe excessif et les désordres des dames de la cour. Admis à prêcher devant le roi, il attaqua avec une égale violence les exactions de ceux qui étaient à la tête des affaires. Fidèle adhérent des Armagnacs, il fit partie de la députation envoyée, au commencement de l’année 1412, par les princes confédérés auprès du roi d’Angleterre afin de négocier une alliance, députation qui, dans son passage à travers le Maine, fut poursuivie et arrêtée par le