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JOURNAL D’UN BOURGEOIS
DE PARIS
DE 1405 À 1449.



[1405[1]]

i. … Et environ dix ou doze jours après, furent changées les serreures et clefs des portes de Paris, et furent faiz monseigneur de Berry et monseigneur de Bourbon cappitaines de la ville de Paris, et vint si grant foueson de gens d’armes à Paris que aux villaiges d’entour ne demeurerent aussi comme nulles gens ; toutesvoies les gens du dessusdit duc de Bourgongne ne prenoient riens sans paier, et comptoient tous les soirs à leurs hostes et poioient tout sec en la ville de Paris[2]. Et estoient, ce temps durant.

  1. C’est à tort que tous les éditeurs du Journal parisien, depuis La Barre, ont rapporté à l’année 1408 ce fragment initial de notre chronique ; en effet, les mesures relatives à la clôture des portes et le voyage de l’évêque de Liège à Paris eurent lieu en 1405, ainsi qu’il résulte de la chronique du Religieux de Saint-Denis, de Juvénal des Ursins et de la chronique liégeoise de Jean de Stavelot.
  2. Nous ne savons jusqu’à quel point cette allégation de notre auteur est fondée ; en effet, les déprédations multipliées des gens de guerre obligèrent Charles VI à rendre, le 6 novembre 1405, une ordonnance enjoignant aux bandes armées de retourner dans leur pays. La mise à exécution de cette ordonnance, publiée à Paris le mercredi 11 novembre 1406, fut confiée au prévôt de Paris qui devait, s’il trouvait en sa prévôté « aucunes d’icelles gens d’armes pillans et prenans aucunes choses sur les subgiez sans paier raisonnablement », en tirer punition exemplaire. (Arch. nat., Y 2, fol. 227 r°.) Ces mesures de rigueur suivirent les lettres données au Bois de Vincennes le 12 octobre précédent et publiées à Paris le 15 octobre, lettres par lesquelles le Roi avait interdit aux ducs de