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INTRODUCTION

« qui estoit ou trésor des confréries ». En 1441, lors du siège de Pontoise et de la venue du roi à Saint-Denis, notre Journal nous apprend que les confréries parisiennes furent menacées dans leur existence. « Les faulx conseilliers » du roi projetèrent non seulement de s’emparer de tout l’argent possédé par les confréries, mais encore d’en réduire le nombre ; ils réussirent à les diminuer de moitié et portèrent un coup funeste au service religieux. Notre chroniqueur ne se borne pas à nous entretenir des confréries à un point de vue général, il laisse parfois deviner ses préférences personnelles pour telle ou telle confrérie dont il devait être membre ; on remarque notamment que dans la relation fort succincte des obsèques de la duchesse de Bedford, il consacre une mention spéciale à la Grande Confrérie aux Bourgeois. Or nous savons par le testament de Jean Chuffart que ce chanoine était membre de la Grande Confrérie aux Bourgeois et de la confrérie de Saint-Augustin qui avaient leur siège à Notre-Dame, et qu’il faisait également partie de celle des merciers en l’église des Innocents. En pensant à cette dernière confrérie, il est difficile de ne point se reporter au long paragraphe de notre journal relatif à la mise en interdit de l’église des Innocents en 1487 ; pendant vingt-deux jours, dit le chroniqueur, le service divin fut interrompu, et les confréries qui avaient leurs services assignés dans cette église se transportèrent en la chapelle Saint-Josse.

Voici, pour nous résumer, les résultats que nous avons obtenus par l’étude attentive du Journal parisien.

En premier lieu, l’auteur du Journal se désigne au nombre des prêtres qui participèrent à une procession du clergé de Notre-Dame, circonstance qui permet au président Fauchet d’émettre cette opinion que notre chroniqueur devait appartenir « au corps de Notre-Dame » ; or, Jean Chuffart nous apparaît dès 1420 comme chanoine de cette église.

2° L’auteur du Journal, sympathique d’abord à la cause anglo-bourguignonne, abandonne cette cause et embrasse le parti de Charles VII après 1436 ; or nous voyons Jean Chuffart prêter serment aux Anglais en 1429, et se rallier ensuite au gouvernement français en acceptant dès 1437 un poste de conseiller au Parlement de Paris.

3° L’auteur du Journal s’occupe des moindres incidents du siège de Meaux et rapporte des particularités inconnues de tout autre chroniqueur ; or Jean Chuffart se rendit, en janvier 1422, auprès du roi d’Angleterre, avec une mission officielle du chapitre de Notre-Dame.

4° L’auteur du Journal se met en scène parmi les plus parfaits clercs de l’Université et montre par là qu’il devait occuper dans le monde