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INTRODUCTION

L’affaire suivit son cours, et un mandement d’Henri VI, roi d’Angleterre, rendu le 11 décembre 1430 à la requête du chapitre de Saint-Marcel, ordonna au Parlement de procéder au principal dans la cause pendante entre Jean Chuffart et les chanoines. Dès la fin de janvier 1431, les chanoines de Saint-Marcel proposèrent d’entrer en arrangement, ce qui fut accepté, et le procès se termina par un accord homologué au Parlement le 11 avril 1431[1]. Les registres capitulaires de Saint-Marcel nous montrent comment intervint une transaction entre le chapitre et son adversaire ; Jean Chuffart vint en personne à la séance du 20 mars 1431 et, en présence de l’évêque de Paris appelé pour la circonstance, sollicita à titre gracieux l’autorisation de construire dans sa maison du bourg Saint-Marcel un petit pressoir sans arbre, et d’en faire usage, sa vie durant, pour la vendange de ses vignes. Le chapitre accéda à cette demande le 4 mai suivant, à charge d’une redevance annuelle de 12 deniers parisis, et, pour couper court à toute contestation, s’empressa l’année suivante d’admettre Jean Chuffart parmi ses membres[2]. Voilà donc un ensemble de faits qui établit catégoriquement la possession de vignes par notre auteur du côté de la porte Bordelles.

Indépendamment de ses vignobles de Saint-Marcel, le chanoine Jean Chuffart exploitait encore à Fontenay, depuis le 22 novembre 1426, quatre arpents de vignes qu’il s’était fait concéder par le chapitre de Notre-Dame, avec un pressoir refait à neuf et deux masures adjacentes, moyennant 8 livres parisis de rente annuelle[3] ; il possédait également des vignes sur le territoire de Villejuif. En 1430 le même chanoine récolta une partie des vins de Mons[4]. Au commencement d’octobre 1436, lors de la perception d’une taxe de quatre sols sur chaque queue de vin entrée à Paris, Jean Chuffart, qui remplissait alors les fonctions de chambrier clerc, saisit le chapitre de la question en ce qui concernait les vignes de Mons[5] et s’occupa avec ses confrères des voies et moyens à mettre en œuvre pour échapper à cet impôt. Ne peut-on rapprocher ce fait de ce passage du Journal relatif aux vendanges de 1436, où l’auteur se plaint longuement, et avec une certaine amertume, de la cherté de ces vendanges et des droits élevés que les gouverneurs de Paris faisaient percevoir aux portes de Paris sur chaque « hotteur » et sur chaque charrette amenant des cuves de vendange ?

Jean Chuffart, avons-nous dit plus haut, fut investi par le chapitre

  1. Arch. nat., Xic 141 ; LL 216, p. 233.
  2. ibid., LL 34, fol. 91 vo 95.
  3. ibid., LL 216, p. 72.
  4. ibid., LL 216, p. 220.
  5. ibid. LL 217, p. 252.