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INTRODUCTION

chanoines Perrière et Chuffart eurent la charge et l’honneur peu enviables dans ces temps troublés[1] ?


d. l’auteur du journal est un haut personnage de l’université de paris.

L’une des conditions essentielles que doit remplir l’auteur du Journal parisien est d’appartenir au corps universitaire, non à un titre infime, mais dans un rang éminent ; c’est du reste ce que laisse entrevoir le passage bien connu où le narrateur se compte lui-même parmi les membres les plus considérables de l’Université. D’après le sentiment du président Fauchet, exprimé dans une note mise à la marge du manuscrit de Rome, l’auteur de notre journal devait être un homme d’église ou docteur de quelque faculté. Si tout chez notre chroniqueur annonce l’homme d’église, il ne s’ensuit pas nécessairement, comme l’ont supposé Etienne Pasquier et Denis Godefroy[2], qu’il doive être un théologien ; on pourrait citer plus d’un chanoine de Notre-Dame n’ayant aucun grade en la faculté de théologie. Ceci posé, voyons si le chanoine-chancelier de Notre-Dame se trouve dans les conditions requises.

Lors de sa réception comme chanoine en 1420, Jean Chuffart prend le titre de maître ès-arts et licencié en décret. Dès cette époque il occupait dans le corps universitaire une situation considérable, car l’année suivante il était appelé au poste de recteur pour le quartier d’octobre à décembre (1421). À cette occasion, Jean Chuffart fît demander aux chanoines ses confrères la continuation des distributions capitulaires qu’il devait perdre en prenant possession de sa dignité, Jean Voignon et Nicolas Fraillon furent chargés le 15 octobre 1421 de conférer avec le nouveau recteur qui obtint gain de cause et vint le 30 octobre remercier le chapitre de la faveur qu’on voulait bien lui accorder[3]. Ce n’est que le 30 juillet 1437 que Jean Chuffart,

  1. « Mercurii quarta mensis februarii (1421), capitulantibus dominis, provisio medii mensis januarii novissime preteriti de gratia concessa est magistris G. Perrière et Jo. Chuffart qui nuper fuerunt in acie coram Meldis et régi Anglie presentaverunt litteras capituli super excusacione quod capitulum non promovit dominum electum Parisiensem venire et stare Parisius, sicut credebat ipse dominus rex. » (Arch. nat., LL. 215, 356.)
  2. Cf. A. Longnon, Conjectures sur l’auteur du Journal parisien, p. 311, 313.
  3. « Mercurii xv mensis octobris. — Magistri Johannes Voygnon et N. Fraillon loquentur cum magistro Chuffart qui huc accedens ex eo quod est rector Universitatis et non poterit accedere ad ecclesiam pro lucrando, ut solitus est, requisivit quod sibi darentur sue distribuciones, ac si veniret ad ecclesiam, oflerens se facturum pro ecclesia et singularibus. — Jovis,