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INTRODUCTION

Nicolas-des-Champs. Tantôt, le corps capitulaire propose de s’entendre avec l’évêque pour la nomination d’arbitres, tantôt il désigne des chanoines chargés de conseiller le curé de Saint-Nicolas-des-Champs et de recueillir les ressources nécessaires pour la poursuite du procès, ou bien encore il délègue quelques-uns de ses membres auprès du premier président du Parlement[1]. Bref, il est incontestable qu’au début de l’année 1441, cette affaire préoccupa vivement, passionna même les chanoines, surtout le chancelier Jean Chuffart, que nous voyons figurer en 1438, 1439 et 1440 parmi les chanoines munis de pleins pouvoirs à l’effet de suivre les causes du chapitre au Parlement, et aux requêtes du palais[2]. Ce point établi, doit-on éprouver quelque surprise de rencontrer dans le Journal parisien une allusion à l’esprit processif de Denis du Moulin ? Quant aux développements que consacre notre chroniqueur « à la pratique bien estrange » imaginée par l’évêque de Paris « ou ses très deloyaulx complices » peut-être paraîtront-ils moins extraordinaires dans la bouche du chanoine Jean Chuffart qui remplit les fonctions de commissaire délégué par l’évêque de Paris pour les causes testamentaires dans la ville et le diocèse de Paris et qui, par conséquent, eut dans ses attributions le règlement des diverses questions que pouvait soulever l’exécution des testaments[3], nul doute que le caractère inquisitoire de la mesure prise par l’évêque de Paris dans un but purement fiscal n’ait fortement indisposé Jean Chuffart. En voyant l’auteur présumé du Journal parisien nous mettre dans la confidence de ses griefs contre l’évêque Denis du Moulin et manifester son mécontentement, l’on a moins de peine à s’expliquer le décousu de cette partie de notre chronique.

Il n’est pas indifférent de déterminer le quartier de Paris habité par le chanoine Jean Chuffart. Rien ne nous empêche d’admettre, conformément aux conclusions de M. Longnon, que, pour la période de sa vie antérieure à 1420, il ait élu domicile sur la rive droite de la Seine, un peu plus tard nous constatons son établissement définitif dans la Cité. En effet, peu de temps après sa réception comme chanoine de Notre-Dame, il acquit moyennant 200 écus d’or la maison du cloître qu’occupait son prédécesseur Jean de Saint-Verain[4] ; c’est là que s’écoula toute son existence. La maison claustrale de Jean Chuffart, située non loin du port Saint-Landry, était

  1. Arch. nat., LL 218, fol. 82, 84, 85, 86, 93, 104, 105, 166.
  2. Bibl. nat., ms. lat. 17740, fol. 82, 124.
  3. C’est ce qui ressort de deux actes insérés dans le censier de Saint-Nicolas-des-Champs en date du 2 juillet 1435 ; ces actes sont : le premier une décharge donnée à un exécuteur testamentaire, le second la fixation d’une pension alimentaire. Arch. nat., LL 861, fol. 18, 19, 126.
  4. Arch. nat., LL 215, fol. 424 ; LL 216, fol. 3.