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Un point qui n’est pas sans importance et que M. Longnon a laissé dans l’ombre est celui qui touche à la personne de l’auteur du Journal, considéré comme membre de l’Université de Paris. Jean Beaurigout ne nous apparaît dans la dissertation de M. Longnon que comme un homme d’église assez obscur d’ailleurs ; nulle part on n’entrevoit le suppôt de l’Université, et cependant, à moins de tenir l’auteur du Journal parisien pour l’un de ces « clercs enflés de science » , qu’il tourne en ridicule dans quelque endroit de ses mémoires, nous devons croire qu’il occupa un rang assez élevé dans le corps universitaire, puisqu’il se met au nombre « des parfaits clercs » qui prirent part à la dispute du collège de Navarre. Beaurigout était-il un théologien, ou appartenait-il à quelque autre faculté, comme beaucoup de gens d’église de son temps qui n’étaient que simples maîtres ès-arts ou bacheliers en décret ? rien ne nous renseigne à cet égard ; en tout cas, il faut bien que son rôle ait été singulièrement effacé pour que pendant plus de quarante ans il soit resté en dehors de tout ce qui s’est passé au sein de l’Université.


§ 2. — Opinion personnelle du présent éditeur.


On le voit, l’opinion émise par M. Longnon soulève certaines objections auxquelles il nous paraît difficile de répondre, et nous ne saurions considérer comme irréfutable l’attribution du Journal au curé Beaurigout. Reprenons l’examen de notre chronique et voyons si le texte conforme aux manuscrits ne peut nous apporter aucune donnée nouvelle. Dans plusieurs passages déjà signalés par la critique, l’auteur du Journal parle de sa personne, mais en termes si ambigus qu’il ne laisse point pénétrer son individualité. Ainsi l’on savait bien jusqu’à présent qu’en mai 1427, il se trouva parmi les personnages ecclésiastiques qui accompagnèrent une procession jusqu’à Montmartre ; mais quel parti peut-on tirer d’un renseignement aussi vague ? Ici le manuscrit de Rome devient d’un précieux secours, et nous permet de restituer ce passage de façon à introduire un élément nouveau dans la discussion[1]. En effet il n’est pas indifférent de savoir qu’au lieu d’eschevins enfondrez, il faut lire chemins effondrés, qu’il s’agit d’une cérémonie exclusivement religieuse et que, le lundi qui précéda l’Ascension (26 mai 1427), ce fut la procession de Nostre-Dame qui se

  1. Nous reproduisons le texte de notre chroniqueur, tel qu’il se trouve dans La Barre et dans toutes les éditions : « Le lundy devant l' Ascension de Nostre Dame et sa compaignie furent à Montmartre, et ce jour ne cessa de plouvoir depuis environ neuf heures au matin jusques à trois heures après disner, non pas qu’ils se musassent pour la pluie, mais pour certain les eschevins furent si très fort enfondrez entre Montmartre et Paris que nous mismes une heure largement à venir de Montmartre à Saint-Lad''Texte en italiquere. »