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nominative de Beaurigout comme curé de Saint-Nicolas antérieure à l’année 1440.

Aussi notre premier soin a-t-il été de fixer autant que possible le temps pendant lequel ce curé de Saint-Nicolas-des-Champs a conservé le gouvernement de sa paroisse et de rechercher en même temps le nom de son prédécesseur. La tâche était ardue, les archives du XVe siècle ne fournissant que des renseignements très vagues et très clairsemés sur la personnalité des curés de Saint-Nicolas-des-Champs. On savait jusqu’ici que, le 18 mai 1399[1], les paroissiens de Saint-Nicolas-des-Champs, voulant agrandir leur église et construire trois chapelles, entrèrent en arrangement avec leur curé, Guillaume de Kaer, chanoine de Notre-Dame, docteur en décret, qui venait de succéder à Pierre Mignot.

Au commencement du XVe siècle, le curé de Saint-Nicolas-des-Champs était donc Guillaume de Kaer ; durant quel laps de temps exerça-t-il les fonctions curiales ? Les registres capitulaires de Notre-Dame ne nous renseignent que sur l’existence du chanoine, mais ne nous apprennent rien sur le curé de Saint-Nicolas-des-Champs, aussi serait-on en droit de supposer une résignation de sa cure au profit de Jean Beaurigout, si de longues et minutieuses investigations dans les archives du chapitre de Notre-Dame ne nous avaient fait découvrir un document décisif qui lève tous les doutes à cet égard. En 1416, Guillaume de Kaer se trouvait engagé dans un procès contre un épicier de Paris, Philippe Boussac, procès qui fut porté devant l’officialité de Sens ; comme Guillaume de Kaer, en sa qualité de chanoine de Notre-Dame était exempt de la juridiction épiscopale, l’official de Sens adressa, le 12 octobre 1416, une requête au chapitre de Notre-Dame, à l’effet de faire citer devant son tribunal Guillaume de Kaer, lequel dans ce document est qualifié de curé de Saint-Nicolas-des-Champs[2] ; aussi sommes-nous en droit de penser qu’il conserva le gouvernement de sa cure jusqu’à sa mort, arrivée le 29 septembre 1418. En présence d’un texte aussi formel, que deviennent toutes ces déductions basées sur les différents passages où l’auteur du Journal indique en quelque sorte le lieu de sa demeure ? elles tombent forcément et ne peuvent d’aucune façon s’appliquer à Jean Beaurigout, puisque à cette époque il n’avait rien de commun avec Saint-Nicolas-des-Champs et que rien n’autorise à croire qu’il aurait fixé son domicile à proximité de cette église.

  1. Arch. nat., S 3453.
  2. Voici les termes mêmes de la requête en question : « Venerabilem virum et discretum, magistrum Guillelmun de Kaer, presbyterum, decretorum doctorem, ecclesie Parisiensis canonicum, curatumque ecclesie parrochialis Sancti Nicholai de Campis Parisiensis. » (Arch. nat., L 408, no 129.)