tiennent une assez longue pièce de vers en deux parties intitulées : la Bataille du Liège et les Sentences du Liège. Cette insipide poésie, relative à la prise d’armes des Liégeois contre leur évêque en 1408, n’est guère qu’une fastidieuse énumération des seigneurs bourguignons envoyés par Jean Sans-Peur pour réprimer cette rébellion ; elle commence ainsi : À l’onneur de toute noblesse et en exaussant gentillesse.
La pièce en question sert pour ainsi dire de prologue au Journal et paraît n’avoir été mise en tête du volume que pour accompagner le récit tronqué par lequel débute l’extrait de Godefroy. Ce fragment de Journal, qui se trouve au folio 12 de notre manuscrit, se rapporte à la fin de l’année 1408 et au commencement de l’année 1409 ; il a précisément trait à la révolte des Liégeois contre leur évêque, en septembre 1408, et à l’entrée solennelle de Charles VI à Paris, le 17 mars suivant. C’est seulement au folio 13 que commence le Journal parisien proprement dit, tel que nous le lisons dans La Barre et tel que l’ont reproduit tous les éditeurs subséquents. À partir de là le Journal se continue sans interruption dans l’ordre chronologique et finit bien à l’année 1449, par le passage qu’avait déjà indiqué M. Paul Lacroix.
L’écriture du manuscrit de Rome est sans conteste du xve siècle, néanmoins nous ne saurions considérer ce texte comme l’original de la Chronique parisienne si intéressante pour l’histoire des règnes de Charles VI et Charles VII. Voici l’ensemble des déductions sur lesquelles repose notre opinion. En premier lieu, la présence de ces poésies qui n’ont qu’un rapport bien indirect avec le Journal parisien, ensuite une interversion dans la suite des événements qui font l’objet du Journal. Comme nous l’avons déjà remarqué, la Bataille et les Sentences du Liège sont suivies d’un fragment incomplet du commencement, se rattachant aux faits des années 1408 et 1409 mentionnés plus haut, ce fragment se termine par un lambeau de journal relatif à un orage épouvantable survenu à Paris le 30 juin 1411. Telle est la matière d’un folio, le douzième du manuscrit ; au folio suivant, nous tombons sur un passage que tous les éditeurs sans exception ont rapporté à l’année 1408, tandis qu’en réalité les événements racontés par le chroniqueur appartiennent à l’année 1405. L’auteur du Journal parisien relate, entre autres faits, l’arrivée de l’évêque de Liège à Paris ; or ce voyage, au dire de chroniqueurs bien informés[1], eut lieu
- ↑ Voici un passage de la Chronique de Jean Stavelot (p. 95) qui détermine nettement l’époque du voyage de Jean de Bavière : « Comment monsangneur de Liège s’en alat noblement a Paris. — L’an m cccc et v, le secon jour de septembre, soy partit monsangneur Johans de Bealwiers de Liège et chevalchat vers monsangneur le duc de Bourgongne à Paris, son seroige. »