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NOUVELLES ET MÉLANGES.

Le premier se trouve sous les formes ܐܕܘܪܒܐܪܘܙܓܪܕ (Chabot, op. l.) et ܐܕܘܪܒܪܙܓܪܕ (Hoffmann, op. l.) ; on trouve aussi quelques formes corrompues de la précédente. On a déjà reconnu avec raison dans le premier élément ܐܕܘܪ du mot le pehlvi ātūr, p. آذر, feu, divinité du feu. Le second élément a paru inexplicable à Hoffmann. Il cite cependant une transcription persane de ce nom, qui aurait dû lui permettre de l’expliquer ادور فروز جرد. Le persan جرد correspondant au syr. ܓܪܕ est clair. C’est la forme qu’a prise en persan, en passant par l’arabe, le participe passif du verbe kart, p. کردن. Quelque étrange que soit ce changement, un k perse initial correspondant toujours à un k pehlvi et persan : la transformation du participe kart en gard, arabisé en جرد, est un fait incontestable. Les nombreux noms de villes persanes terminés en جرد, pehlvi kart, le prouvent amplement. Pehl. Dârâpkart. Pers. داراججرد.

L’élément intermédiaire écrit ܒܐܪܘܙ dans la légende de Mār Bassus et ܦܪܙ dans les actes des Martyrs prête à deux interprétations. Le persan le rend par firouz فروز. Ce mot peut être l’impératif du verbe pehlvi fîrûkhtan, pers. افروختن (l’elif initial n’existe pas en pehlvi), cet impératif servant en composition. Le nom propre se ramènerait donc à une forme : atūrfirûckart « créé par le Feu qui enflamme ».

La seconde interprétation plus satisfaisante consiste à voir dans ܒܐܪܘܙ, ܦܪܙ l’équivalent du pehlvi fīrūc, pers. افروختن « victorieux ». Le nom pehlvi serait alors ātūrfīrūckart créé par l’Izedatar, le victorieux, ce qui est un nom mazdéen parfait.

Les deux explications sont possibles, car le syriaque transcrit d’une façon souvent très fantaisiste les voyelles étrangères, sans parler des deux formes différentes du mot en question, adūrfārōzgard et adūrfarozgard. Il suffira de citer les différentes formes que prend la transcription d’un nom propre persan pour montrer l’abus que le syriaque fait de ses lettres de prolongation, et avec quelle inconséquence il en use. C’est ainsi que l’on trouve le pehl. jāmāsp ; pers. جاماسب transcrit ܙܐܡܣܦ zâmasf, ܙܡܐܣܦ zamâsf, ܙܡܝܣܦ zamîsf, avec un ܝ de