Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/223

Cette page n’a pas encore été corrigée
211
LE CHADDANTA-JÂTAKA.

mençant par celle du plus jeune d’entre eux, faisant chaque fois autant de parts qu’il y avait de têtes à nourrir. Mais Paduma et sa femme eurent la prudence de ne manger à chaque repas qu’une seule des deux parts qu’on leur donnait et de mettre l’autre en réserve ; si bien que, le tour de la femme de Paduma étant venu, ils offrirent aux six affamés les six parts qu’ils avaient gardées, puis s’enfuirent pendant le sommeil des six frères. On comprend que cette fuite fut pénible : l’épouse de Paduma ne dut la vie qu’au dévouement de son mari ; il la porta quand elle était fatiguée, il l’abreuva de son sang quand elle eut soif. Enfin ils atteignirent la rive du Gange, où ils s’installèrent et se remirent de leurs maux.

Un jour Paduma recueillit un canot qui suivait le fil de l’eau et où se trouvait un homme qui avait les mains, les pieds, les oreilles et le nez coupés ; c’était un voleur qui avait été ainsi puni de ses méfaits. Paduma banda ses plaies et le soigna ; mais sa femme s’amouracha du mutilé, et, non contente de violer la foi conjugale, complota avec lui la mort de Paduma. Elle fit part à son mari d’un désir qu’elle avait de porter une offrande à la divinité d’une montagne dont elle apercevait le sommet quand ils étaient perdus dans la forêt, en exécution d’un vœu fait à cette divinité s’ils réussissaient à venir jusqu’à sa demeure. Paduma ne demanda pas mieux que d’aider à la réalisation d’un si pieux désir ; il prépara l’offrande et, accompagné de sa femme, la porta au sommet de la montagne. L’épouse perverse dit