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JANVIER-FÉVRIER 1895.

bable qu’à la suite de cette première défaite les Carmathes durent se retirer dans leur capitale et y soutenir un siège de sept ans. Abdallah, voyant que ses forces ne suffisaient pas à prendre Lahsa, ouvrit des négociations avec la cour de Bagdad où elles furent bien accueillies. En 467, Oksok-Salār, surnommé Ibn Toubek (توبك), feudataire (مقطع) de Holwān et dépendances, fut expédié avec sept mille cavaliers seldjoucides, que le poète nomme Shorsikiya[1]. Arrivés à Basra, ces soldats se livrèrent, pendant trois jours, à toutes sortes d’exactions envers les habitants, et refusèrent de continuer leur route si l’on ne leur donnait mille chameaux de monture et cinq cents chameaux pour porter les outres d’eau, cinq cent mille mann de farine et autant d’orge et de dattes, enfin 19,000 dinars. Après avoir reçu une grande partie de cette contribution de guerre, Oksok-Salār se mit en route pour al-Katīf, afin de punir tout, d’abord Yahya ibn ʽAbbās de ses mauvais procédés à l’égard de Kadjkīna, comme on l’a vu plus haut. Il s’ensuit que l’expédition ne partit de Basra au plus tôt qu’au commencement de l’année 468. À l’approche de l’armée, Ibn ʽAbbās alla se réfugier à

  1. Dans un autre poème, le nom est vocalisé Shasakiya, avec l’explication suivante  : يعنى بالشرشكية السلجوقية ملوك الاعلجم. Je n’ose pas décider laquelle des deux prononciations est préférable. La forme du mot semble exclure une dérivation du turc شرى = جرى (comp. Houtsma, Ein Türkisch-Arabisches Glossar, p. 79, شارى) qui donnerait Sharishkiya. Une dérivation du persan شورش s’accorderait avec la prononciation Shorshikiya, mais je ne sais pas si ce mot s’employait communément dans le sens de « guerre ».