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JUILLET-AOÛT 1899.

ciennes erreurs de Bardesane, et si ce n’est pas par là qu’il le rattache à Valentin.

Avant d’en revenir à saint Éphrem, ouvrons encore la Doctrine d’Adaï, composée à Édesse au iiie siècle, entre Bardesane et saint Éphrem, et qui était comme le code des chrétiens de cette ville. Nous y lisons : « Fuyez le mensonge, l’homicide, le faux témoignage, les incantations, les destins, les horoscopes, les étoiles et les signes du zodiaque[1]. » L’apôtre Adaï voulait par là prémunir les fidèles contre la contagion du culte des astres ; mais ces paroles : fuyez l’homicide, …… les étoiles et les signes du zodiaque, prises à la lettre et même dans leur esprit, étaient la condamnation de Bardesane.

Reprenons maintenant saint Éphrem et rappelons-nous que, de son temps, la doctrine d’Adaï était regardée comme le testament authentique de l’apôtre. Nous y trouvons un certain nombre de textes très clairs, par exemple :


Bardesane ne lisait pas les prophètes, sources de vérité, mais il feuilletait assidûment les livres qui traitaient des signes du zodiaque (II, p. 439, E).

Et ailleurs :


Ils (les Bardesanites) observaient les mouvements des corps (célestes), divisaient le temps, notaient les signes célestes et en déduisaient des significations cachées, comparaient la pleine Lune au signe du zodiaque. En un mot, au lieu d’agir avec l’Église et de méditer avec le fidèle les livres des Saints, ils étudiaient les livres les plus funestes (II, p. 438, F, etc.)[2].

Mais voilà décrite précisément, en termes aussi clairs que possible, l’hérésie de Bardesane : c’est l’astrologie. Et nous pouvons maintenant, dans cet ordre d’idées, expliquer la plupart des textes obscurs, sans recourir à Valentin, ni à

  1. Éd. Philips, p. 35.
  2. On trouvera d’autres textes dans une Biographie inédite de Bardesane l’astrologue, p. 7-10, 12-15, 19-20, et dans notre édition du Livre des lois des pays, p. 21-23.