et analyser ses textes et ses idées quand ils ont trait à notre question.
Nous trouvons bien vite que dans certains discours contre les hérésies, saint Éphrem attaque violemment Bardesane.
Un bon nombre de textes renferment de pures injures, par exemple : Le diable a donné à Bardesane un grenier plein d’ivraie qu’il répand dans les campagnes, etc. D’autres nous semblent très obscurs. Je cite la traduction éditée par Assémani : O te beatam Christi Ecclesiam[1]… Tu spurcissimi Bardesanis putida mendacia utque judaicæ culinœ nidorem diluisti… nec insani illius Marcionis retines libros… aut codicem execrandæ mystagogiæ Bardesanis habes : gemina duntaxat testamenta Regis Regisque filii tua recondit arca[2]. Quels sont ces « putida mendacia », cette odeur de cuisine, ce livre « execrandæ mystagogiæ » ? — Tout en nous posant ces questions, nous feuilletons saint Éphrem, et nous trouvons à chaque page les trois noms de Marcion, Bardesane, Manès, qui semblent, pourrions-nous dire, cloués à un même pilori. Et, après avoir répété une vingtaine de fois : Marcion, Bardesane, Manès Manès, Bardesane, Marcion, la suggestion nous gagne, et nous cherchons, partie dans Marcion, partie dans Manès, l’explication des imputations voilées portées par saint Éphrem. Si à ce moment, nous nous rappelons que, d’après Eusèbe, Bardesane participa d’abord aux erreurs de Valentin, nous croyons pouvoir nous écrier : εὔρηϰα ! Nous omettons le mot d’abord qui est gênant, et faisons de Bardesane un gnostique genre Marcion-Manès, de l’école cependant de Valentin et mort, bien entendu, dans l’impénitence finale, puisque saint Éphrem l’attaque si violemment.
Mais laissons pour un instant saint Éphrem (nous allons y revenir), et cherchons si nous ne trouverions pas ailleurs
- ↑ II, p. 438, D. On trouvera ce texte et un certain nombre d’autres dans une Biographie inédite de Bardesane l’astrologue, chez Fontemoing.
- ↑ II, p. 560, B. On remarquera qu’ici et dans bien d’autres endroits, saint Éphrem veut limiter la science du chrétien aux saints Livres. C’est ce que prônait aussi son contemporain Julien l’Apostat.