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JUILLET-AOÛT 1899.

ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL.
BARDESANE L’ASTROLOGUE.

M. Fleury, qui publiait en 1691 une Histoire ecclésiastique en vingt volumes, à laquelle il avait travaillé pendant trente ans, y présentait de la manière suivante le caractère et le rôle de Bardesane[1] :


Comme les hérésies se multipliaient dans la Mésopotamie, Bardesane, qui était arrivé au comble de la science des Chaldéens[2], et qui parlait excellemment la langue syriaque, composa des dialogues contre Marcion et quelques autres hérétiques. Ses œuvres furent si estimées qu’on les traduisit en grec. Il y avait entre autres un Traité sur le destin, adressé à l’empereur. Bardesane suivit d’abord l’hérésie de Valentin : ensuite il s’en retira ; mais il en garda toujours quelque tache. Il était d’Édesse et ami du prince Agbar (sic)[3], avec qui il s’était instruit. Apollonius de Calcédoine, le premier des stoïciens de ce temps-là et le maître de l’empereur Marc-Aurèle[4], voulut persuader à Bardesane de renier la religion chrétienne ; Bardesane lui résista et dit qu’il ne craignait pas la mort, ne la pouvant éviter, quand même il ne résisterait pas à l’empereur. Il eut un fils nommé Harmonius, qui étudia à Athènes à la manière des Grecs, et composa plusieurs écrits.


Cette notice est tirée, comme l’indique en marge M. Fleury, d’Eusèbe, d’Épiphane et de Théodoret, et elle nous donne cette impression que Bardesane fut un confesseur de la foi, puisqu’il fut amené à dire qu’il préférait la mort à l’apostasie, et fut un père de l’Église, puisque, après ses erreurs de

  1. IV, 9.
  2. C’est l’astronomie et l’astrologie.
  3. Lire Abgar. Sans doute Abgar IX, roi de 179 a 216. Cf. Rubens Duval, Histoire d’Édesse, p. 114.
  4. Le texte d’Épiphane visé ici par Fleury porte seulement : « Apollonius familier d’Antonin ». On ne peut faire que des conjectures sur cet Antonin, car Caracalla et Héliogabale portent aussi ce nom.