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NOUVELLES ET MÉLANGES.

23, l. 15) : ܕܝܢ ܕܝܫܪ݀ܐ ܐܚܪܝܐ ܗܘ ܪܘܡܐ ܪܓܝܘܵܠܐ. ܐܚܪܝܐ qui traduit le grec : Ἄλλο ϰολοιῶν ὔψος, ἄλλο δ’αἰετῶν (P. XII de seipso, v. 672 ; Patr. Gr., XXXVII, 1215).

La version latine traduit ϰολοιός par graculus, mais c’est une inexactitude (le geai n’est d’ailleurs pas un oiseau si vilain d’aspect), l’animal désigné par ϰολοιός est en réalité le choucas, oiseau du genre des corneilles, dont il existe un grand nombre de variétés. Horace était beaucoup mieux inspiré que les imitateurs plus récents du fabuliste, quand il mettait le récit de la fable sur le compte de la corneille, cornicula (Epist. 3, lib. I).

ܓܝܘܠܐ doit donc être traduit par choucas.

2° Étymologie. — Je crois que le mot ܓܝܘܠܐ qui paraît bien être un mot d’origine étrangère, n’est autre chose que le grec ϰολοιός qui a passé en syriaque par l’intermédiaire de la langue vulgaire[1] et a revêtu une forme araméenne. Pour le démontrer, il faut se rappeler :

a. Que la terminaison ιος n’est souvent exprimée, dans ce genre de mots, que par l’olaf final (ܐ). Exemples : ܒܠܝܐ = βαλαϰεῖον ; ܩܦܠܐ = ϰεφάλαιον, ܦܝܬܩܐ = πιττάϰιον ou πύϰτιον ; ܦܣܛܘܪ݀ܐ = quœstonarius.

b. Que souvent le ܘ qui suit une liquide opère avec celle-ci une métathèse, qui donne ܘܠ au lieu de ܠܘ ; ܘܪ au lieu de ܪܘ, etc. Exemples : ܛܪܘܓܘܠܝܛܝܣ (à côté de la forme ܛܪܘܓܠܘܕܘܛܝܣ) = τρωγλοδύτης (B. B. 821, 9), ܩܘܪܥܩܣ = ϰρόϰος (1757, 10) ; de la sorte, on aurait régulièrement : ϰολοιός = ܩܘܠܐ (pour ܩܠܘܐ[2]) ; de même que l’on a ܩܘܠܒܐ = ϰολοϐίων (B. B. 1731, 6).

  1. Pour les différences notables entre la physionomie des mots qui se sont introduits par l’usage et ceux qui ont été empruntés aux traductions, voir les exemples cités par Duval, Gram. syr., p. 257, 265.
  2. Comme l’a fait observer M. V. Henry au cours de cette communication, l’existence de la forme ܩܥܘܐ est rendue probable par la prononciation vul-