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MARS-AVRIL 1898.

1o Sens. — Si nous considérons les divers passages où le mot s’est rencontré dans les textes publiés[1], nous voyons qu’il désigne toujours un oiseau, hideux d’aspect, à qui l’on attribue le désir de se parer des plumes des autres oiseaux. Ces passages rappellent la fable du Geai paré des plumes du Paon.

Les lexicographes Bar-Bahloul et Bar-‘Ali donnent comme explication l’arabe الـنَكاه qui, d’après Kazimirski, signifie une sorte d’oiseau rouge qui ressemble à l’oie ; mais ils ajoutent l’explication habituelle : que c’est l’oiseau qui aime à se parer des plumes des autres. Ils citent l’un et l’autre, comme autorité unique, les écrits de S. Grégoire de Nazianze[2].

Dans l’édition (Beyrout, 1896) de la traduction syriaque des Poèmes iambiques de S. Grégoire, je n’ai pas retrouvé le passage auquel font allusion les lexicographes[3], mais cet autre, où le mot se trouve également employé (édit. cit., II,

  1. Le Lexicon de Brockelmann cite : 1o Martin, La métrique chez les Syriens, 54, 5 ; mais la leçon est douteuse. M. Duval pense qu’il faut lire ܓܫܘܠܐ ; 2o Mösinger, Monum. syr., II, 171 (et non pas 55), 64 ; mais là encore, le contexte montre que la lecture est certainement erronée et que le texte doit être corrigé (peut-être en ܕܥܘܠ) ; 3° un passage d’une lettre de Jacques d’Édesse, édité par Wright, Catal. Brit. Mus., p. 593, b. À ces citations il faut ajouter : 1o le texte de S. Grégoire de Nazianze, cité plus bas ; 2o un passage inédit de la Vie de Joseph Bousnaya par Jean Bar-Kaldoun, à l’occasion duquel j’ai été conduit à chercher le sens de ce mot. Voici ce passage : ܠܝܬܝ ܕܝܢ ܗܟܝܐ ܚܣܝܪ ܪܥܚܐ ܗܢܐ ܟܠܗ. ܕܒܥܡܠܐ ܕܐܚܪ݀ܢ݀ܐ ܐܫܬܒܗܪ. ܐܝܟ ܗܿܝ ܦܪܚܬܐ ܓܝܘܠܐ ܕܣܚܐ ܒܚܢܗܿ ܛܒ. ܘܡܨܒܬܐ ܢܦܫܗܿ ܒܓܠܦܵܢܐ ܕܦܪ݀ܢܝܬܐ ܘܡܫܬܒܗܪ ܒܪܠܐ ܪܝܠܗ ܀ (chap. VI ; dans mon manuscrit, fol. 53 a).
  2. Bar-‘Ali, n. 2859 ; Bar-Balhoul, éd. Duval, col. 483. Le texte de Bar-‘Ali est donné en note dans l’édition de Bar-Bahloul.
  3. D’après Bar Bahloul le texte est tiré des Discours ܡܐܡܪܐ de Bar-Bahloul d’après Bar-‘Ali, des Lettres. Je soupçonne que la traduction répond à l’un des passages suivants du texte grec, où il est question du κολοιός : Adversus mulieres se nimis ornantes, v. 55-58 (Patr. Gr., xxxvii, col. 888), Orat. IV, Contra Julianum (xxxv, 644).