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JANVIER-FÉVRIER 1898.

monnaies, de l’ère de Pompée, mais bien d’une ère nationale.

Le chalque de Marc-Antoine et de Cléopâtre lui-même ne peut pas appartenir à l’ère de Pompée. L’an 23 de cette ère correspond à l’an 41 avant J.-C. C’est en cette année que Marc-Antoine, après la victoire de Philippes, quitta la Grèce, passa en Cilicie, où il rencontra Cléopâtre, avec laquelle il fit voile pour l’Égypte. La Syrie fut alors envahie par les Parthes. Marc-Antoine n’obtint l’Orient pour son gouvernement et ne vainquit les Parthes qu’après le renouvellement du triumvirat avec Lépide et Octave, en 38 avant J.-C. Or on connaît des monnaies frappées en Phénicie, par Cléopâtre seule : à Tripolis, en 22 ; Béryte, en 21 ; à Aradus, en 21 ; par Marc-Antoine seul, à Aradus, en 222 ; enfin, des monnaies offrant d’un côté l’effigie de Marc-Antoine, et de l’autre celle de Cléopâtre, que l’on classe à Aradus, comme d’autres ayant au droit l’effigie de Cléopâtre, et au revers, une Victoire volant, portent la légende grecque : « De l’an 21 qui est aussi l’an 6 de la nouvelle déesse. »

L’an 222 d’Aradus correspond à l’an 37 av. J.-C. Si l’on admet que l’an 23 de Tripolis est de Père de Pompée, on est obligé de rapporter à cette même ère les monnaies de Cléopâtre, et celles de cette reine et de Marc-Antoine, frappées en 21 et 22, soit à Tripolis, soit à Aradus, soit à Béryte, ou dans d’autres villes de la Phénicie, qui ont eu leur ère nationale. De plus, ces années correspondraient à 43 et 42