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UNE LETTRE DE BAR HÉBRÉUS.

Tu as dit par ta bouche, ô notre frère, quelque chose qui ne convient pas à ta personne : « J’attribue les choses glorieuses à l’un et les humiliations à l’autre. » Comment, par négligence, une telle aberration s’est-elle emparée de toi ; car, au corps qui fut suspendu sur la croix était uni le Fils-Verbe ; le Dieu incarné qui a été crucifié a subi l’ignominie dans son corps de la part du peuple maudit et enragé, en qui était entré l’esprit de mensonge.

Marie a enfanté le Christ qui est le « Fils de gloire » et a Dieu au-dessus de tout », comme nous l’enseigne l’apôtre Paul[1]. Si Marie a enfanté le Christ et n’a pas enfanté Dieu, quand est-il devenu Dieu après que Marie l’eût enfanté ?

« L’Esprit-Saint viendra », dit l’archange Gabriel[2], « la vertu du Très-Haut se reposera sur toi, et il te donnera sa grâce. » Si l’Esprit-Saint est descendu dans le sein [de la Vierge] et l’a rendu admirable, si la vertu du Très-Haut y a résidé, comment n’est-il pas le Seigneur ? — La vertu du Très-Haut est le Fils, le Verbe, selon la parole de Paul qui l’appelle dans son épître « sa vertu et sa sagesse[3] ». — Si celui qu’a enfanté la Vierge sainte n’est pas vraiment Dieu, celui qui a été crucifié sur le Golgotha n’est pas vraiment Dieu. Nous sommes des apostats éloignés de la vérité.

Notre profession de foi est que Dieu nous a rachetés

  1. Rom., ix, 5.
  2. Luc, i, 35.
  3. I Cor., i, 24.