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UNE LETTRE DE BAR HÉBRÉUS.

sa bonté mourut par amour de l’humanité. Et vous seuls dites [le contraire], et vous êtes sortis de la voie. Il n’est pas possible que tous les peuples qui crient comme le tonnerre soient tous menteurs, et vous seuls véridiques.

Si celui qui monta sur la croix, qui goûta la mort et le gibet, n’est pas Dieu incarné, nous sommes en dehors de la vérité.

N’as-tu pas entendu ce que dit dans son Épître le Fils du tonnerre, Jean, océan de sagesse, lorsqu’il prêche l’Évangile de son Maître ? « Nous vous annonçons celui qui était dès le commencement et qui sera [toujours], celui que nous avons vu de nos yeux et entendu de nos oreilles[1]. » En parlant de ce qu’il a vu de ses yeux et entendu de ses oreilles, Jean parle-t-il du corps pris de Marie, ou annonce-t-il le Fils, le Verbe ? Le corps n’existait pas dès l’origine, il n’est pas éternel ; c’est donc du Verbe uni au corps, devenu un avec lui, que Jean dit : « Nous l’avons vu et palpé ».

Ô notre frère, c’est le Verbe qui s’est uni et non la volonté. Notre Sauveur l’a annoncé, sa sainte bouche l’a proclamé[2] : « Avant qu’Abraham n’existât, j’existais sans bruit ». Son corps, qu’il a pris de nous, n’existait pas avant nous ; mais bien le Verbe éternel qui existait avant le vieil Abram. Ô notre frère et notre ami, notre docteur et notre interprète, écoute ce que dit le Synode et ce qu’il chante dans le sym-

  1. I Joh., I, 1.
  2. Joh., viii, 58.