Page:Journal asiatique, série 9, tome 11.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
JANVIER-FÉVRIER 1898.

voulut lui procurer le salut. Il envoya son Fils consubstantiel, son égal en tout par la nature. Ta bouche dit ouvertement qu’il envoya son Fils mystérieusement. Tu dis, ô bien-aimé : « son Fils », et non « la volonté » ou « le corps. » La volonté n’est pas une personne, ni la personne une volonté. Si la volonté s’est incorporée, les trois personnes se sont incorporées. Il n’y a qu’une seule volonté, comme il n’y a qu’une seule nature ; mais il y a trois personnes et trois noms : trinité glorieuse, essentielle, éternelle. Anathème à quiconque la scrute et introduit en elle une quaternité. N’as-tu pas entendu ce que dit le grand Paul, disciple du Christ, dans la dernière de ses Épîtres ? « Dieu a envoyé son Fils »[1]. Et d’où, et où l’a-t-il envoyé ? sinon dans le sein de la Vierge, où il a pris un corps. Il dit : « son Fils » et non « sa volonté », car le Fils subsiste dans sa personne ; il a pris un corps de Marie, lui qui existait auparavant, sublime. — Il dit aussi, cette source de science, dans un autre endroit[2] : « Dieu dans sa bonté a goûté la mort dans son abaissement. »

Ô notre père illustre et pur, catholicos sublime ! Si, comme il résulte de ta lettre, le mot « Dieu » est omis, cette sentence singulière se trouve seulement dans vos livres ; car parmi les nations aucune ne tient ce langage : ni les Syriens, ni les Arméniens, ni les Grecs, ni les Égyptiens, ni les Romains, ni les Éthiopiens, ni les Ibériens, ni les Nubiens. — Dieu dans

  1. Galat., IV, 4.
  2. Hebr., II, 9.