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ÉTUDES SUR L’ALPHABET PEHLEVI.

naissait que le pehlevi sassanide, le troisième en date ; de l’autre on était bien loin de connaître les diverses évolutions de la paléographie des écritures sémitiques ; on en était encore, par exemple, à considérer le caractère de l’inscription de Carpentras comme du phénicien. C’était donc un résultat qui demandait toute la pénétration d’esprit et l’instinct divinatoire de M. de Sacy, que d’arriver dès cette époque à discerner et à faire voir dans le pehlevi un dérivé de l’alphabet sémitique de 22 lettres. Mais il était impossible d’aller plus loin et de préciser la dérivation d’une manière plus exacte. La multiplicité des documents nous permet aujourd’hui d’arriver bien plus facilement à une autre précision, et, tout en proclamant la certitude de plus en plus mathématique du fait général découvert par le génie de M. de Sacy, de ne pas désigner avec lui le palmyrénien comme la source d’où sortit le pehlevi. C’est là, nous le reconnaissons, une question de détail bien secondaire ; mais dans la science aucun détail n’est absolument indifférent, et dans le moment actuel, où la paléographie sémitique est en voie de se fonder, il importe de déterminer avec l’exactitude la plus scrupuleuse la place qui appartient dans le tableau de filiation des écritures de cette famille à chacun des alphabets qui la composent.

On sait actuellement d’une manière certaine[1] que l’alphabet araméen, après s’être constitué comme

  1. Voy. Melchior de Vogüé, Revue archéologique, nouv. sér. t. V, p. 34-38 ; t. IX, p. 203-208.