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OBSERVATIONS D’ÉPIGRAPHIE HÉBRAÏQUE.

-grande force. J’ose dire que l’inscription dont nous parlons, rapprochée de ces textes, lui donne presque la certitude. Admettons pour un moment l’hypothèse que le tombeau trouvé par notre savant confrère ait renfermé une princesse de la famille royale d’Adiabène : 1° nous apercevons la raison du nom de cette princesse, lequel est sémitique, mais non pas précisément juif ; 2° nous comprenons à merveille la présence d’une inscription en langue et en caractère de l’Adiabène à Jérusalem, à côté d’une inscription en langue et en caractère palestiniens ; 3° nous voyons pourquoi le caractère adiabénien occupe la première place, circonstance inexplicable dans un tombeau juif ordinaire ; 4° les caractères paléographiques et philologiques de l’inscription sont tous expliqués. L’analogie du caractère carré de notre inscription avec celui du tombeau dit de saint Jacques, que M. de Vogué rapporte, avec toute raison selon moi, aux temps asmonéens ou hérodiens ; l’analogie moins forte, remarquable cependant en quelques points, du même caractère carré de notre inscription avec celui de l’inscription de Kefr-Bereim, laquelle est sûrement postérieure à notre ère ; enfin la similitude de la partie estranghelo, surtout du mot ܡܠܟܬܐ avec le mot ܡܠܟܐ d’une monnaie de la Mésène, qui est du premier siècle de notre ère[1] ; tous ces faits, dis-je, trouvent leur pleine et entière justification dans l’hypothèse que nous proposons. La famille d’Izate était fort nombreuse[2]. Il laissa vingt-quatre fils et vingt-quatre filles. Cinq de ses fils apprennent à la fois l’hébreu à Jérusalem[3]. Monobaze, son frère, et d’autres de ses parents[4] embrassèrent le judaïsme comme lui. Monobaze fut très-connu à Jérusalem, et y laissa une grande réputation de charité[5]. Rien n’est donc plus facile que

  1. Langlois, Numismatique des Arabes avant l’islam, p. 76-77 ; pl. ii, 8. — Cf. Lévy, dans la Zeitschrift der deutschen morgenl. Gesellschaft, 1858, p. 209, 210.
  2. Josèphe, Antiq. XX, iv, 3.
  3. Id., ibid. iii, 3.
  4. Id., ibid. IV, i ; B. J. II, xix, 2.
  5. Voir un curieux passage, Talmud de Jérusalem, Peah, 15 b ; Talmud de Babylone, Baba bathra, 11 a.