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DÉCEMBRE 1865.

et le buddhisme, prêché, mais combattu, aurait fait peu à peu son chemin et préparé ainsi la victoire qu’Açôka II devait lui faire définitivement remporter. Quelques raisons que l’on puisse avoir de supposer des anachronismes et des erreurs ou des falsifications de toute espèce, on ne doit pas, ce me semble, rejeter les documents qui tendent à établir une série de tentatives d’introduction du buddhisme dans le Kashmir. Nulle part cette religion, qui s’est imposée avec tant de puissance aux peuples qui l’ont reçue, n’est entrée sans résistance. C’est par degrés, tour à tour triomphante et vaincue, qu’elle a pénétré en Chine, au Tibet, en Mongolie ; et, d’autre part, le prosélytisme, favorisé par diverses circonstances, était tellement dans son esprit, qu’elle devait tenter de bonne heure de pénétrer partout. C’est peut-être à tort qu’on attribue presque exclusivement ses progrès, soit aux persécutions qu’elle aurait souffertes, soit aux divisions qui se seraient produites dans son sein. Répandre la bonne loi était l’un des préceptes du buddhisme ; nous avons vu dans notre texte les Nâgas du Gandhamâdana dire qu’il faut propager l’enseignement du Buddha aussi longtemps que cet enseignement doit durer, et une déclaration remarquable du Lotus de la bonne loi nous apprend qu’on est bien moins coupable pour avoir injurié grossièrement un Tathâgata (un Buddha) pendant un kalpa tout entier (c’est-à-dire pendant au moins seize millions d’années) que pour avoir dit une seule parole désobli-