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AVRIL-MAI 1857.

présenter sous une apparence assez paradoxale, laissons-les se développer à l’aise, tant qu’elles ne prétendent pas régner seules. Accordons à leurs avocats libre et large place au soleil, pourvu qu’ils ne la refusent pas à l’homme dont leurs plaidoyers n’auront point opéré la conversion.

Qu’ainsi, par exemple, introduisant dans la transcription des mots orientaux une certaine particularité, très-inacoutumée, plusieurs arabisants se soient mis a transformer le g en r ; on s’abstiendrait de dire le moindre mot pour les contrarier dans l’emploi de cette méthode insolite, s’il n’y avait lieu de craindre, — et cela d’après plusieurs indices, — que le public, faute d’avoir réclamé, ne fût peu à peu obligé de la traiter avec respect, comme une sorte de loi, et peut-être (qui sait ?) ne se trouvât plus tard condamné à la pratiquer lui même. Mais dès que se manifeste le moins du monde une telle possibilité future, il n’y a plus moyen de continuer à se taire. Principiis obsta.

Avant donc de laisser grandir des exigences dont le triomphe ne serait pas sans inconvénients, force nous est de rappeler quelques faits, peut-être trop perdus de vue. Pris parmi d’autres, qui forment une masse immense, ils suffiront, ce semble, pour montrer qu’au moins le nouveau système n’est pas fondé à s’imposer comme le seul bon.

II.

Chez les différents peuples, on le sait, certaines articulations, quoique réputées semblables, ne se correspondent pas d’une manière absolue. Bien des consonnes qui passent pour équivalentes (et cela dans les idiomes homogènes, à plus forte raison dans les langues hétérophyles) n’expriment pas précisément le même jeu des lèvres et du gosier. Mais comme il faudrait, si l’on voulait tenir compte de ces nombreuses variétés, créer un alphabet immense, on les néglige dans le répertoire graphique, et avec grande raison. Un signe, et