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titre de vice-roi. C’était un homme dune beauté remarquable et d’une grande perspicacité. Aimé des femmes, courant sans cesse après les aventures, il était des plus renommés de ce temps-là pour les galanteries. Au fait, il n’y avait pas une finesse, pas une ruse qu’il ignorât, pas un artifice qui n’eût pour lui des attraits. Il savait tirer du kin (instrument de musique) les accords les plus mélodieux ; il jouait aux échecs, traçait les caractères avec élégance ; il était habile dans l’art du dessin. On n’a pas besoin de dire qu’il connaissait tous les jeux, jouait de tous les instruments, chantait et dansait à merveille.

Au jour fixé pour le banquet, après qu’on eut achevé les préparatifs de la fête, le prince de Touan arriva dans l’hôtel de Siao-wang, le gouverneur. Siao-wang invita le prince à s’asseoir. Au second service, le prince de Touan, s’étant levé de tablé pour faire quelque chose, entra par hasard dans la bibliothèque, où il aperçut sur le bureau du gouverneur un presse-papiers à sujet, représentant deux petits lions en jade, admirablement sculptés. C’était en fait d’art un ouvrage parfait que ce presse-papiers, à voir la finesse du poli et la rare élégance du travail. Le prince de Touan, qui avait pris ces deux petits lions pour les examiner avec soin, ne pouvait plus s’en dessaisir ; il les tenait dans ses deux mains ; il s’extasiait à les considérer et répétait