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À ces mots, Hong, le Taï-oueï, éprouva un sentiment de surprise mêlée d’effroi. Néanmoins, après quelques réflexions, il se dit à lui-même : « Je voudrais bien voir le roi des démons ; » puis, prenant un ton d’autorité, il s’écria : « Quoi qu’il en soit, ouvrez la porte de ce palais, je veux voir comment est le roi des démons.

— « Gouverneur, répondit aussitôt le vénérable d’un air inquiet, je vous jure que je n’oserai jamais l’ouvrir. Pourrais-je faire si peu de cas des exhortations paternelles de notre vénérable aïeul et d’un salutaire commandement qui jusqu’à présent n’a été enfreint par personne !

« Vous débitez des extravagances, répliqua le Taï-oueï souriant ; vous autres, Tao-ssé, vous créez à plaisir des fantômes ; abusant de la crédulité du peuple, vous opérez de faux miracles ; vous enflammez les imaginations. Il y a ici un dessein prémédité. C’est vous qui avez érigé ce palais, que vous avez appelé mensongèrement le palais du roi des démons. Voilà comme vous exercez au grand jour votre art détestable. Je connais l’histoire ; j’ai lu des livres qui sont le miroir de la vérité. Ces livres disent-ils qu’il y ait des démons incarcérés quelque part, de grands réceptacles ou des cavernes obscures habitées par des êtres surnaturels et malfaisants ? Je ne crois pas que le roi des démons soit renfermé