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se ranima. Il apprêta sa cassolette, brûla des parfums et gravit de nouveau la montagne. Il espérait que, après de longs efforts, il découvrirait enfin la demeure du grand anachorète. Lorsqu’il eut encore fait quarante à cinquante pas, il s’écria avec amertume : « L auguste empereur, usant de sa prérogative céleste, m’a envoyé sur ces collines. Mais l’épouvante m’a saisi.... »

Il n’avait pas achevé ces paroles, qu’une nouvelle bouffée de vent, qui ébranla tous les arbres, répandit dans l’air des vapeurs malfaisantes. Comme il regardait avec attention, il entendit dans le fond des broussailles, puis sous les plantes rampantes qui tapissaient les flancs de la montagne, un murmure sourd et une espèce de bruissement. A l’instant même une couleuvre monstrueuse, blanche comme la neige, sortit du milieu des herbes et des broussailles, comme un seau sort du puits. Le Taï-oueï est frappé de stupeur ; il laisse tomber sa cassolette ; « Oh, cette fois, je suis mort ! » s’écria-t-il. Il parvint cependant à gagner la cime d’une roche escarpée ; mais la monstrueuse couleuvre s’élança avec force sur la roche, s’approcha de Hong, le Taï-oueï, et, décrivant plusieurs circuits tortueux, se replia sur elle-même. Ses yeux lançaient des éclairs ; elle ouvrit sa gueule, darda sa langue au dehors et humecta de