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d’une version du San-koue-tchi, écrivain d’un grand mérite et dont j’ai déjà parlé. Il a intitulé ce roman 施耐菴古本水滸傳 Chi-naï-ngan-koa-pen-chouï-hou-tchouen « Histoire des rivages, conforme à l’ancienne édition de Chi-naï-ngan ». Depuis Kin-ching-than, on a publié une édition du Chouï-hou-tchouen, intitulée 水滸全書 Chouï-hou-thsuen-chu « Edition complète de l’Histoire des rivages », et qui contient cent vingt chapitres au lieu de soixante et dix. J’ai lu avec beaucoup d’attention le nouveau Chouï-hou-tchouen (c’est-à-dire les cinquante chapitres ajoutés à l’ancien), et j’ose affirmer qu’on n’y trouve pas le même fond d’intérêt, ni dans les caractères, ni dans les situations. C’était d’ailleurs l’opinion du P. Prémare, qui recommandait aux missionnaires la lecture du Chouï-hou-tchouen ; il préférait l’édition de Kin-ching-than, « Sed ut secretus hujus libri sapor melius sentiatur, emendus erit qualis ab ingenioso Kin-ching-than fuit editus, cum notis, quibus mirum authoris artificium primus detexit [1] ». — Cependant le Chouï-hou-tchouen, quelque excellent qu’il fût jugé d’ailleurs, sous le rapport de la composition et du style, fut mis à l’index, quelque temps après la publication de Kin-ching-than (1695), par l’illustre empereur Khang-hi, comme capable de pervertir les inclinations les plus douces et les plus bienfaisantes. C’est précisément à ce titre que le roman paraîtra plus remarquable. Pour que des personnages comme

  1. Notitia linguæ sinica, p. 39.