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quant au style, le Chouï-hou-tchouen au San-koue-tchi. Le ton du San-koue-tchi, roman héroïque, est plus noble que celui du Chouï-hou-tchouen, qui n’est qu’un roman comique. Avec le style concis et serré du San-koue, l’auteur du Choaï-hou n’aurait jamais pu descendre, comme il la fait, au ton naïf du badinage et de la conversation familière.

Il y a donc une grande différence entre le San-koue-tchi et le Chouï-hou-tchouen. La variété des épisodes, des tableaux et des portraits, la multiplicité des aventures et un dialogue animé recommandent particulièrement le Chouï-hou-tchouen. Un tel ouvrage convenait surtout aux imaginations actives et mobiles. Il est aimé des jeunes gens. « Les jeunes gens ne lisent pas le San-koue, dit un proverbe chinois, les vieillards ne lisent pas le Chouï-hou ». Mais l’amusement que ce livre procure à la jeunesse chinoise n’est pas son seul mérite ; il peut servir à donner une idée très-exacte du caractère et des mœurs des Chinois, au XIIe siècle de notre ère, dans un temps ou la grande dynastie des Song penchait vers son déclin, où le pays, avant de subir la domination des Mongols, était ravagé par la peste, la famine et le brigandage.

Le Chouï-hou-tchouen est un monument précieux du Kouan-hoa ou de la langue commune. Ce célèbre ouvrage, qui parut pour la première fois sous le règne des empereurs mongols, fut réimprimé vers l’an 1650, avec un commentaire perpétuel 外書 par Kin-ching-than 正聖歎 , auteur