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de cent personnages principaux, sans compter les agents subalternes, un roman d’une énorme et volumineuse prolixité, car il n’a pas moins de soixante et dix livres. Tous les chapitres se divisent régulièrement en deux parties et l’ouvrage présente la singulière complication de cent quarante intrigues différentes. Cet ouvrage, que Fourmont avait pris pour une histoire ? de la Chine au IIIe siècle, M. Klaproth pour un roman historique, et M. Abel-Rémusat pour un roman semi-historique de la même nature que le San-koue-tchi, est presque tout entier d’invention ; c’est le premier roman comique des Chinois. Quoiqu’on le réimprime tous les jours à mi-page avec le San-koue-tchi, on aurait tort de le regarder comme le pendant de l’Histoire des trois royaumes. Toutes les parties du livre sont traitées trop plaisamment pour être historiques. Il ne me semble point que Chi-naï-ngan ait voulu imiter Lo-kouan-tchong et lutter avec l’Histoire des trois royaumes dans le roman Chouï-hou-tchouen, qui contient pourtant une foule de tableaux analogues et dont le sujet est pris dans l’histoire d’une guerre sociale. A l’exception du prologue, le Chouï-hou n’est point imité du San-koue ; Chi-naï-ngan a travaillé d’après lui-même. Sa manière est plus naturelle que celle de Lo-kouan-tchong, plus agréable. Lo-kouan-tchong se borne à raconter les faits ; Chi-naï-ngan cherche à peindre les mœurs ; il a plus de scènes à effet, mais il s’arrête sur des détails trop minutieux, quelquefois même sur des puérilités. Il ne faut pas comparer,