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MAI 1843.

expédition eut lieu. Lui permit-il de les attaquer ; et, s’il le fit, put-il le blâmer à son retour ? Sinon, comment Abd-Allah osa-t-il agir contre la volonté du prophète ? Mais voici la solution de ce problème. Mohammed, malgré son désir d’exercer ses pillages durant toute l’année, afin de ne laisser aucun repos à ses ennemis et d’anéantir entièrement leur commerce, n’osa pourtant pas heurter l’opinion publique, au point de permettre tout d’abord la profanation des mois sacrés. Il eut donc recours à la ruse pour faire attaquer une caravane ennemie, sans que la responsabilité de cet acte, révoltant même pour les musulmans, tombât sur lui. Pour éviter toute explication, il donna simplement à Abd-Allah l’ordre de se mettre en route vers Nahla, avec huit Mouhadjeriens volontaires et lui remit un billet qu’il ne devait décacheter qu’après deux jours de marche. Dans ce billet laconique, il lui prescrivait seulement d’épier les caravanes des Koureïschites entre Taïf et la Mekke, sans lui signifier d’une manière précise de les combattre, et sans lui fixer l’époque où il devait en venir aux mains avec eux. Qu’on ne croie pas que c’est un infidèle du xix" siècle qui invente cette solution pour expliquer un fait qu’il ne comprend pas ; c’est un bon musulman du n" siècle de l’hégire, le plus ancien biographe de l’apôtre de Dieu, qui donne ces détails, sans se douter le moins du monde qu’ils jettent le jour le plus fâcheux sur celui qu’il nous dépeint comme l’être le plus véridique et le plus sincère de la terre. C’est l’auteur du Sirat Arrasoul, qui s’exprime en ces termes :

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