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NOVEMBRE 1839.

(Mandjous’rî) avait d’abord fortement redouté la haine de la foule des prêtres bouddhiques ; mais lorsque ceux-ci eurent appris le contenu de la proclamation impériale, ils furent déconcertés dans leurs desseins. (Mandjous’rî) prolongea encore son séjour de quelques lunes et il partit ensuite. Il dit que son intention était d’aller s’embarquer dans la mer méridionale sur un navire marchand pour retourner dans son pays. On ne sait pas finalement où il se rendit.

La septième des années taï-ping-hing-kouë (982 de notre ère), un prêtre bouddhique de Y-tcheou[1], nommé Kouang-youan (lumière qui se répand au loin), revint de l’Inde avec une lettre respectueuse du roi de ce pays nommé Mou-si-nang[2], qu’il présenta à l’empereur.

On remarque que ce fait n’est point consigné

  1. Dans le Liao-thoung, près de la province de Pé-king.
  2. Mou-si-nang peut être la transcription du mot sanskrit महासिंह mahâ-sinha, grand lion, épithète souvent donnée aux rois indiens, ou plutôt de मधुसिंह madhusinha, lion débonnaire, titre donné à un roi du Bengale dans la liste de l’Ayin Akberi. Nous ferons encore ici une observation sur les lois de transcription des noms étrangers en chinois ; la terminaison nasale chinoise ang et plus généralement ng n’a d’autre valeur que l’anouswara sanskrit ou la labiale m, à la fin des mots. Elle équivaut donc à l’accusatif sanskrit, terminaison qui est devenue générale dans le dialecte du sud de l’Inde, et qui est passée dans tous les ouvrages français qui ont été composés avant l’étude en Europe du sanskrit savant et littéraire ; comme Vêdam pour Vêda, Ézour-Vêdam pour Yadjour-Vêda, Bhagavadam pour Bhagavata, etc. Il faut encore remarquer que, à mesure que l’on se rapproche des temps modernes, les transcriptions chinoises des noms relatifs à l’Inde s’éloignent du pur sanskrit.