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FÉVRIER 1839.

ouvrage était encore inédit, lorsqu’une mort prématurée vint frapper M. Saint-Martin.

Dans cet ouvrage, M. Saint-Martin prouve jusqu’à l’évidence que le nom de Mésène désignait, chez les anciens, la partie méridionale de la Babylonie, et qu’il n’y eut jamais deux pays appelés de ce nom ; que l’origine de cette dénomination est orientale, que la ville de Spasini-Charax doit sa fondation à Alexandre le Grand, et qu’elle porta d’abord le nom de ce prince ; que, bâtie en 325, elle fut relevée, plus d’un siècle après, par Antiochus le Grand, roi de Syrie, et enfin, qu’elle fut rétablie une troisième fois par Spasinès, prince arabe, qui lui donna son nom, et qui fonda le royaume de la Mésène, 129 avant J.-C., pendant les troubles qui suivirent la mort d’Antiochus Sidètes, roi de Syrie. M. Saint-Martin nous fait ensuite connaître le nom et l’époque de neuf rois de la Mésène, sur onze dont parlent, mais confusément, les historiens anciens ; et il fixe la destruction de ce royaume par les Perses, à l’an 389 de J.-C., après une durée de 518 ans.

Pour cette partie de son ouvrage, M. Saint-Martin a tiré de grands secours de la science numismatique. Nous terminerons cette analyse bien imparfaite de l’ouvrage de M. Saint-Martin, en reconnaissant qu’il contient des détails aussi neufs qu’intéressants sur la géographie de la Babylonie, et qu’on y trouve résolues avec une grande sagacité plusieurs difficultés qui se trouvent dans les auteurs grecs et latins ; en un mot, il ne peut qu’ajouter à la réputation de son auteur, M. Félix Lajard, chargé spécialement de la publication de ce morceau historique, l’a enrichi de plusieurs notes très-intéressantes, dans lesquelles il a rectifié quelques légères erreurs, et a signalé des découvertes récentes qui pouvaient confirmer ou détruire quelques assertions de M. Saint-Martin. M. Lajard a placé en tête du volume un avertissement, et l’éloge de M. Saint-Martin, lu en 1836, dans la séance publique de l’Académie des inscriptions, par l’illustre M. de Sacy. Il a eu soin d’ajouter à l’ouvrage une ample table des