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FÉVRIER 1839.

Persans, surtout dans sa première forme, sont des contes faits par un perroquet, mais avec l’esprit que l’Orient prête aux animaux en général.

On a dit avec raison que l’Inde était la patrie de la fable (ce que les Allemands appellent Thier-Fabel) ; de nouveaux documents viendront sans doute tous les jours confirmer ce fait ; mais déjà, aujourd’hui, sans parler de pareils apologues, ou même de l’Hitopadesa, l’extrait le plus célèbre du Panchatantra, on peut l’appuyer du témoignage de l’épopée : le Mahâbhârata contient des parties didactiques, où les animaux interviennent comme acteurs intelligents ; ainsi, dans la première division du poëme appelé Livre du commencement (Adiparvan), un ministre met en scène plusieurs animaux, et surtout le chacal, pour instruire son maître dans les ruses de la politique. Ce passage, dont M. Lassen a donné le texte dans son livre, nous a semblé trop intéressant pour ne pas le faire connaître ici par une traduction aussi fidèle qu’il est possible.

L’ASTUCE DU CHACAL,
Épisode du Mahabhârata.

« Dis-moi, en vérité, comment on peut se défaire d’un ennemi par la flatterie, par des présents, par divers moyens, ou encore par le bâton. »

Ainsi parlait le roi Dhritarâschtra ; son ministre Canica lui répondit :

« Écoute, ô grand prince ! ce que fit l’habitant d’une forêt, un chacal, qui savait pénétrer le sens des livres de la prudence. »

Un chacal, doué de sagesse, plein d’expérience dans les affaires, vivait en bonne compagnie avec un tigre, une souris, un loup et un ichneumon. Ils aperçurent dans la forêt une gazelle vigoureuse, marchant à la tête d’un grand troupeau ; n’ayant pu alors s’en emparer, les amis tinrent con-