Page:Journal asiatique, série 3, tome 7-8.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
JOURNAL ASIATIQUE.

connus de la philosophie indienne, une foule de savants se mirent à cultiver le plus beau et le plus ancien des idiomes de l’Inde, le sanscrit, qui ne craint pas de s’appeler lui-même le parfait, et l’intérêt s’accrut encore quand les rapports de cette langue et des langues savantes de l’Europe ne fut plus une simple hypothèse.

Sans pouvoir suivre ici presque d’année en année les progrès que la philologie allemande a fait faire à ces recherches si attrayantes, il suffit de citer les essais que fit Bopp pour introduire dans la grammaire sanscrite plus d’ordre et de clarté d’après la méthode européenne, en même temps qu’il fournit, dans quelques épisodes du Mahâbhârata, une matière suffisante de travail à ses prosélytes. S’il reste encore beaucoup à faire, si la syntaxe n’a pas encore reçu de base, la route est du moins battue. Les hommes qui entreprirent d’exploiter l’Inde ont toujours reconnu combien le défaut de livres élémentaires était propre à retarder l’extension de ces études. Un de ces livres manquait même à l’Allemagne, puisque la publication d’Olhmar-Franck, qui date de 1814, était plutôt un spécimen d’une des épopées indiennes. M. Christian Lassen qui, depuis plus de quinze ans, parcourt avec une infatigable ardeur les différentes branches de la littérature indienne, a senti ce besoin, et vient de donner au public une Anthologie sanscrite qui satisfait à toutes les exigences du premier enseignement.

Cette anthologie renferme des morceaux d’une difficulté graduée, des notes qui prouvent la vaste érudition de l’auteur, et un lexique sanscrit-latin qui suffit à la traduction des textes, et prépare les commençants à se servir plus tard d’un travail plus étendu. Un autre mérite de ce recueil, c’est la nouveauté de la plupart des fragments qu’il contient, et que M. Lassen a recueillis pendant un séjour à Londres. On y lit des fables d’un style simple, et qui souvent prennent le ton de la légende ou de la nouvelle : les unes se rattachent à une histoire de vingt-cinq démons ou génies ; les autres, qui plus tard auront servi de modèle au Touti nameh des