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FÉVRIER 1839.

qu’il remplit les fonctions de lam de corroboration, pour donner plus de force à ma passion.

Comme l’on a comparé l’idhar à la lettre lam ل, on compare aussi la taille d’une jeune personne à la lettre élif ا ; or, le lam et l’élif réunis forment la particule la, qui en français signifie non : les amateurs des pointes ont ici beau jeu, et ils n’ont pas manqué de profiter de cette occasion favorable ; mais il est inutile de citer encore des exemples de ces futilités. Je ne dois cependant pas oublier l’expression خلع العذار « se laisser emporter par ses passions, se dépouiller de toute pudeur, » et qui se disait originairement du cheval qui se débarrasse de sa bride et s’emporte.

Les passages que je viens de rapporter donnent lieu à une question très-grave : pourquoi trouve-t-on si souvent chez les poètes musulmans tant de morceaux dans lesquels ils dépeignent l’objet de leur amour sous des attributs qui ne sont pas ceux du sexe féminin ? J’ai longtemps hésité à aborder cette question ; j’aurais préféré la laisser indécise ; mais elle se serait présentée de nouveau, à propos de plusieurs passages de ma traduction du dictionnaire biographique d’Ibn-Khallikan : j’ai donc pensé qu’il vaudrait mieux la traiter tout de suite, que d’en remettre l’examen à une époque future.

J’ai observé que plus les mœurs des musulmans subissaient l’influence de la civilisation, plus il était regardé comme inconvenant de faire des allusions au sexe, soit dans la conversation, soit dans les