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FÉVRIER 1839.

Comme l’herbe bien arrosée pousse avec abondance, on lui compare le duvet qui naît sur les joues[1] ; il semble aussi que les poètes y ont vu une ressemblance entre les couleurs, ce qui est moins naturel ; cependant on a comparé l’idhar à une violette :

اضان الى فوادى السقـمَ لـّـــــــــا
اضان الى شقيشته النــــــنـــــفـــــسجَ

En unissant la violette à l’anémone, il a uni une maladie à mon cœur !

La maladie désigne ici l’amour, et l’anémone représente les joues vermeilles, comme on voit par ce vers :

وهَنْ عجن اننى خُدلتُ جـــــدّه
وايس سوى خال نها و شقنـــــق

Qui s’étonnera que j’aie été trompé par cette joue, quand il ne s’y trouvait qu’une petite tache de beauté et une anémone ?

Le poète joue ici sur la double signification des mots, car le dernier hémistiche de ce vers peut signifier aussi : quand il ne s’y trouvait qu’un oncle maternel et un frère. Encore un exemple :

  1. Dans les écrits des soufis et de quelques poètes persans, on rencontre l’expression خط سبزه, qui a le même sens que العذار الخضرّ. Pour eux, les traits de la figure humaine sont des emblèmes des plus profonds mystères.